Un chef d'oeuvre par Michel-Ange Slodtz
Le cardinal Henri-Oswald de la Tour d'Auvergne, archevêque de Vienne (1721-1745), fit commande en 1740 d'un mausolée destiné à honorer son prédécesseur Armand de Montmorin, mort en 1713. Présent à Rome pour le conclave qui élit le pape Benoit XIV, il y fit la connaissance du sculpteur français talentueux Michel-Ange Slodtz, âgé alors de 35 ans et lui confia l'exécution du monument. Le choix des marbres (dont celui de Carrare), la sculpture furent réalisés dans l'atelier romain du sculpteur, non sans quelques retards. L'achèvement du montage du mausolée dans le chœur même ne fut effectif qu'à la fin de 1747, sans que le cardinal décédé en avril 1747 à Paris ait pu voir le monument qu'il avait financé. En mars 1748 les cendres des deux archevêques furent réunies dans le même caveau, sous le mausolée, caveau scellé par une pierre gravée de l'inscription :"Mens una, cinis unus" (un seul esprit, des cendres réunies).
Une savante composition, pleine d'équilibre, est associée à un jeu de polychromies qui met en valeur les différents plans, les protagonistes et les différents volumes. Du sommet d'une pyramide en brèche violette adossée au mur du chœur brûle une lampe à parfums. L'évêque Armand de Montmorin est à demi couché sur un tombeau en forme d'urne ; il indique de la main droite la mitre et la crosse, attributs de sa charge épiscopale et qui vont échoir à son successeur Oswald de la Tour d'Auvergne, avançant majestueusement vers son prédécesseur, revêtu de sa lourde et grande chape dont la traîne déborde du monument. A gauche un génie, tourné vers les deux ecclésiastiques, s'apprête à écrire le nom du nouvel archevêque sur la liste épiscopale, tout en se saisissant des armoiries du cardinal (photo ci-dessus). La draperie en marbre masquant une partie du socle porte une inscription en latin : l'épitaphe d'Armand de Montmorin (elle rappelle que pendant 7 ans il avait été évêque de Die) suivie de celle plus courte du cardinal.
L'archevêque Armand de Montmorin
