A la fin du XIVe siècle et au XVe siècle les maîtres d’œuvre successifs restèrent fidèles aux formules du gothique classique en réservant pour les trois portails de la façade occidentale le développement d’un parti catéchétique, le rappel du message biblique, à partir des images sculptées. L’évangélisation du fidèle qui venait du monde profane par le parvis commençait donc à l’extérieur par des citations figurées, se référant au plan divin du Salut.
Pas de Jugement dernier sur le tympan du portail central. Mais sur les trois voussures, un parcours évangélisateur met en parallèle les épisodes de l’histoire biblique annonciateurs de la venue du Fils de Dieu et le Nouveau Testament ; il affirme ainsi la continuité des temps. Le Christ devait occuper la niche centrale du tympan, porte d’entrée de l’éternité bienheureuse à laquelle participait déjà le martyr saint Maurice dont la statue se trouvait adossée au trumeau entre les deux portes du même portail...
Le portail latéral nord est dédié à la dévotion mariale, en présentant le couronnement de Marie lors de son Assomption au ciel, au centre d'une liturgie céleste animée par les séraphins et des anges. Le portail sud, le plus ancien des trois, donne à travers ses couples d'anges musiciens un catalogue idéal des instruments de musique qui servent au ciel pour la louange divine.
Les portails latéraux
Le portail latéral sud, de la fin du XIVe siècle (vers 1385/1390), se distingue par la présence des armoiries du cardinal Robert de Genève, pape d’Avignon sous le nom de Clément VII, le premier antipape (1378-1394) du Grand Schisme ; sans doute l’Eglise de Vienne voulait-elle alors afficher son allégeance au pape d’Avignon contre celui de Rome (Urbain VI). Sur les deux voussures, prophètes et couples d’anges musiciens (instruments à vent, à cordes, à membranes) entourent les trois niches aujourd’hui privées de leurs statues (sauf une). Rien ne permet d’identifier aujourd'hui le dédicataire principal de ce portail.
Deux anges musiciens : celui de gauche tient deux nacaires (sorte de timbales).
Exécuté au moins deux ou trois générations plus tard (vers le milieu du XVe s.), le portail latéral nord est consacré à l’Assomption de Marie, couronnée au ciel par des anges ; l’événement est célébré sur la voussure extérieure par une cour d’anges musiciens et servants de liturgie, en présence de triades de séraphins sur la voussure intérieure. La niche centrale abritait la statue de la Mère de Dieu, surplombée par les anges en vol qui vont déposer sur sa tête une couronne ornée d’étoiles sur le bandeau inférieur.
Deux anges servant la liturgie céleste du couronnement de la Vierge Marie.
Le portail central
Le portail central est une œuvre majeure de la fin du gothique (fin du XVe siècle). Son iconographie est centrée sur le thème des concordances entre les deux Testaments, que résument symboliquement les deux statues allégoriques élevées sur des colonnes torses, au centre du tympan : à gauche la Synagogue aux yeux bandés (le peuple juif qui n'a pas vu que le Christ était le Messie annoncé par les prophètes) et à droite l’Église couverte d’un diadème.
Une scène de l'Ancien Testament : les fils de Jacob jettent leur jeune frère Joseph
dans une citerne. Cet épisode est mis en parallèle avec la mise au tombeau du Christ
De l’extérieur à l’intérieur, les trois voussures juxtaposent, dans des niches coiffées de dais, les Prophètes qui tiennent des phylactères (parmi eux le roi David, ancêtre du Christ et reconnaissable avec sa harpe), quatorze scènes de l’Ancien Testament et parallèlement autant de la vie du Christ, d’après des concordances qui ont été codifiées au Moyen Age. Des cordons sculptés avec exubérance, raffinement et habileté font cadre entre les voussures, sur le linteau, sur les arcs des portes, et entre les grandes niches des ébrasements ; des frises végétales (choux frisés, vignes et raisins, chardons...) s’animent malicieusement d’animaux et de petits personnages. « Au travers des choux frisés, des chardons, des vignes avec leurs vrilles et leurs raisins, se joue tout un monde d’oiseaux, de chats, de singes folâtres, de diablotins, d’escargots monstrueux et même de figures humaines constituant un décor tout frémissant de mouvement et de vie et d’une prodigieuse habileté d’exécution ». [Lucien Bégule, 1914]